La commune de Dussac.
extrait d’une MONOGRAPHIE des villes et des cantons de LANOUAILLE et de JUMILHAC-LE-GRAND
par Pierre-Henri RIBAULT-DE-LA-LAUGARDIERE (1814-1887) aux éditions LIBRO-LIBER.
(Dussac vient du nom d’un riche propriétaire gallo-romain nommé DUCIUS qui possédait un vaste domaine.)
La commune de Dussac, Dushaco en 1365, est bornée : au nord, par celles de Sarlande et de Sarrazac ; à l’ouest, par la commune de Saint-Sulpice-d’Excideuil ; à l’est et au sud par la commune de Clermont-d’Excideuil.
Son chef-lieu dans le principe celui du canton est Lanouaille, à 5 kilomètres. Sa population était de 67 feux, soit 402 habitants, à 6 par feu en 1365, de 1000 au XVII° siècle, de 1045 en 1852, de 1050 en 1856, de 983 en 1861, de 1054 en 1866 et de 902 seulement en 1872. Cette population, (actuellement 429 habitants) réside dans les bourgs, villages hameaux et lieux dits ci-après :
La Pouyade, La Beaugerie, Blanche Geyroy, moulin de Laubaret, château de Vaux, Les Riveaux, Les Ramières, Lapèze, La Motte, La Vergne, La Nadalie, Les Pouges, Le Mas, La Piconnerie, Les Nouhauds, Les Mandoux, La Basse Bourdie, La Robertie, La Vialette, bourg de Dussac, moulin sur le Loue Basse, Les Champs, La Terrasse, Les Roches, Beaugibeau, La Reille, la forge de Gandumas et partie de l’ancienne paroisse de ce nom. L’altitude moyenne se situe entre 280 et 330 mètres.
On y trouve des carrières de sable à bâtisse. (De nos jours, une très importante carrière de graviers).
L’église de Dussac, dédiée à Saint-Pierre-ès-Liens, dépendait de l’ancien archiprêtré de Saint-Médard-d’Excideuil et était à la nomination de l’évêque de Périgueux.
Le repaire noble et la seigneurie de Dussac appartinrent aux vicomtes de Limoges, qui la démembrèrent vers le milieux du XVI° siècle et la vendirent à pacte de réméré à Léon et François Colombier, ainsi qu’il résulte d’un procès engagé en 1546 au sujet de son rachat contre Pierre du Boys, héritier de ses derniers, qui en avait rendu hommage en 1548.
A cette même époque, Pierre de Chauveron rendit hommage pour ce qu’il possédait dans les paroisses de Dussac et de Saint-Sulpice, et, quelques années après, il se qualifiait de seigneur de Dussac dans une procuration par lui donnée à son fils pour acheter du roi de Navarre, vicomte de Limoges, la haute justice de Dussac. Le 23 décembre 1589, par arrêt du parlement de Bordeaux, rendu au profit d’un Talleyrant-Périgord, auquel la châtellenie et seigneurie d’Excideuil avait été vendue le 23 mars 1582 par le roi de Navarre, vicomte de Limoges et comte de Périgord, le seigneur de Chauveron fut condamné à rendre hommage dudit fief comme dépendant de la châtellenie d’Excideuil. Cette famille avait pour armes : D’azur au pal bandé d’or et de sable. – En 1576, Geoffroy Vigier de Dussac rendit hommage au sénéchal d’Aquitaine, pour ce qu’il y possédait (Archives de Pau).
Enfin, du XVI° au XVII° siècle, le château et la terre de Dussac passèrent dans la maison de Foucaud, dont Jean Foucaud, seigneur d’Amnaux, habitant la paroisse de Dussac, figure en 1665 dans le catalogue des nobles du Périgord, ayant pour armes : Un lion de gueules en champ d’argent. Le chevalier Faucaud de Dussac, et les deux marquis de Foucaud, oncle et neveu, figurèrent aux élections de 1789 pour la sénéchaussée de Périgueux et portaient, d’après l’armorial de M. de Froidefond : De gueules au lion d’or. Cette variante dans les armoiries provient de brisure de branche et elles n’en appartiennent pas moins à la même famille, dans laquelle nous retrouvons entr’autres célébrités :
1° Dussac, dit de Jurignac qui fit partie des troupes envoyées par le roi Henri II en Ecosse ou, d’après Brantome, il fut blessé en duel par le capitaine de Hautefort ;
2° Bernard Folcaud, seigneur de Lardimalie, qui figura en 1574 au rôle des nobles du Périgord et aux monstres faites par Alain d’Albret ;
3° Jean Foucaud de Lardimalie, fort estimé d’Henri de Navarre, vicomte de Limoges et comte de Périgord, pur lequel il prit parti contre la Ligue, ainsi qu’il résulte de la lettre suivante écrite par ce prince le 15 juillet 1580 à M . Malet de la Jorie pour le presser de réunir ses partisans :
Monsieur de La Jorye, ayant donné charge à M. le vycomte de Turenne de haster la venue de mes servyteurs de par delle, je vous ay voulu pryer partyculyèrement de vous trouver dans le temps le plus brief au lyeu qu’il vous aura mandé. Mon dit cousin vous remettra deux lettres de moi pour les sieurs de Saint-Chaman et de Lardymalye. Je vous connois tel que j’aye en vous parfayte confyance pour trayter avec eus et me les amener au plustost et les leurs. Jay si juste cause que je dois estre assysté de tous les gens d’honneur. Faites extreme dylygence ; ce n’est pas l’eure de mesnager. Soyez asseuré toujours de la bonne volonté de Votre mylleur amy,
Signé : Henry.
C est dans les archives de la maison de Malet, que nous avons trouvé cette lettre aussi honorable pour elle que pour Jean Foucaud de Lardimalie. Celui-ci s’empressa de répondre à cet appel et fit si bien que ce même Henri, devenu en 1589 le roi de France Henri IV, l’en récompenssa par la charge de gouverneur du Périgord ;
4° le vicomte Foucaud de Pontbrian, qui fut admis à jouir des honneurs de la cour le 18 février 1788 ;
5° et le marquis Foucaud de Lardimalie qui fut député de la noblesse du Périgord en 1789. Nous trouvons enfin sur la liste des émigrés du district d’Excideuil un Foucaud, officier d’infanterie, et Foucaud Dussac, ancien chevau-léger ; mais le château et la terre de Dussac n’en sont pas moins restés dans les mains de cette famille, toujours honorablement représentée.
D’après M. Jules de Verneilh, le château de Dussac, qui domine le bourg de ses tourelles élancées est, comme lui placé sur une colline d’où la vue s’étant au loin et ploge dans la vallée étroite du Rieu-Buisson et de la Loue. Sa construction ne remonterait pas au dela du XVI° siècle ; il est composé d’un corps de logis à pignons aigus, portant à ses quatre angles des tourelles suspendues en encorbellement. L’église touche au château, et on y remarque le chœur roman précédé d’une coupole sur pendentifs qui réclament d’urgentes réparations. Il nous paraît certain, toutefois, d’après l’ancienneté de cette église, l’état des lieux et la qualification de repaire noble antérieure au XIV° siècle, que le château du XVI° a été construit sur l’emplacement même et avec les débris d’un premier château détruit pendant les guerres anglaises et de religion.
Parmi les fiefs particuliers nous remarquons ceux :
1° de Vaux ancien château fort, au sommet d’une coline de 334 mètres d’altitude, qualifié de repaire noble au XV° siècle.
2° de La Piconnerie qui appartint à la famille Bugeaud. (Le château moderne de la Durantie, bâti sur la commune de Lanouaille, a été construit sur les ordres du Maréchal Bugeaud, duc d’Isly, ancien gouverneur d’Algérie).